Il était … une femme : Sainte Rose de Lima, première sainte du Nouveau Monde

Il était une fois, dans la ville de Lima en 1586 (plus précisément le 30 avril), une naissance. Ce que tous ignoraient, en cet instant, est que c’était une petite fille très spéciale qui avait vu le jour, une petite fille qui chamboulerait des milliers de personnes, qui marquerait les esprits à travers les siècles, et qui serait célébrée chaque année par un pays tout entier : Isabel De Flores Y Del Oliva. Née de parents espagnols, on dit d’elle qu’elle fut une enfant docile et si belle que, un jour, en se penchant sur son berceau, sa mère crut y voir une « rose épanouie » : dès ce jour, elle fut surnommée Rose par son entourage, nom qui lui sera confirmé des années plus tard dans une vision que la petite aura de la Sainte Vierge.

Ste Rose de Lima bébé

Notre Isabel devenue Rose était une enfant pleine de surprises. Dixième enfant d’une famille pauvre, personne ne lui apprit à lire. Et pourtant ! A l’âge de quatre ans, elle pria le Ciel de lui offrir le don de la lecture… Vœu exaucé ! Ainsi, sans jamais avoir pris de cour de lecture auparavant, elle se mit à s’instruire et découvrit l’histoire de Sainte Catherine de Sienne, qu’elle prit pour modèle de vie jusqu’à la fin de ses jours.

A l’âge de cinq ans, elle décida de se consacrer à Dieu, mais doit faire face à un problème : l’inquiétude de sa famille. En effet, la petite fille commence déjà à s’exercer au jeûne : dans un premier temps, elle refuse tous les fruits. A six ans, elle jeûne les vendredi et samedi. En tant que maman, je ne peux qu’imaginer l’inquiétude de voir son enfant se priver ainsi … Mais Rose est déjà une personne droite et fidèle : elle a ainsi compris qu’elle devrait toujours concilier sa vie de jeune fille obéissant à ses parents avec ses convictions et ses visions spirituelles.

Un petit exemple ? Sa mère aimait lui confectionner une couronne de roses rouges. Pour l’enfant il n’est pas acceptable de porter un tel symbole. Mais elle tenait à respecter l’autorité parentale alors, afin de demeurer en phase avec elle même, elle acceptait les couronnes de sa maman, tout en y glissant discrètement une aiguille, afin de transformer l’objet en outil de pénitence pour purifier son âme …

Ste Rose de Lima enfant

Notre jolie métisse est également très douée dans les arts. Très tôt, afin d’aider sa famille à subvenir à leurs besoins, elle s’exerça aux travaux d’aiguilles et à la broderie, et cultivera des fleurs. Éduquée à la prière et à l’eucharistie par les frères dominicains qui vivent près de chez ses parents, elle poursuit son ascension spirituelle. A quinze ans, elle gravit encore un échelon et supprime la viande de son alimentation. Sa santé se fragilise, elle tombe souvent malade, mais elle se montra forte et ne s’écarta jamais du chemin qu’elle s’était tracé.

Nous sommes en 1606, belle Isabel a vingt ans maintenant, et prend l’habit des tertiaires dominicaines ainsi que le nom de Rose de Sainte Marie de manière officielle. Elle fit également vœu de virginité et de pénitence, au point de réduire son alimentation à de l’eau et du pain. Étant donné qu’il n’y avait aucun couvent près de chez elle, elle construisit, avec l’aide de son frère, une cabane dans le jardin de ses parents. Elle y vivra en semi-réclusion jusqu’à sa mort le 24 août 1617 à l’âge de 31 ans. C’est en ce lieu qu’elle se livra à la prière et à toutes sortes de mortifications (que je ne détaillerai pas pour la sensibilité des enfants si vous décidez de leur conter cette histoire). Elle y recevra également tous les « rejetés » de la société, afin de leur porter une oreille attentive et un soutien.

Rose sera béatifiée le 15 avril 1668, puis canonisée le 2 avril 1671.

Sainte Rose de Lima

Malgré une vie remplie de souffrances physiques, Sainte Rose de Lima ne s’est jamais plainte, n’a jamais faibli, ni failli. Elle tirait sa force de toutes les visions et apparitions qu’elle avait du Christ, de la Vierge Marie et de son Ange Gardien. Elle considérait ces Grâces mystiques comme de précieuses récompenses et était vivement animée par un amour sans limite ni condition envers Dieu, tout en gardant toujours « les pieds sur terre », comme on dit. Et c’est ce qui lui valût une crédibilité incontestée envers l’Inquisition et le peuple : elle n’était pas une illuminée recluse sur elle-même, elle travaillait chaque jour de sa vie, était au contact permanent des plus démunis, faisait preuve de grande compassion et de solidarité envers chacun, notamment auprès des Indiens qu’elle affectionnait particulièrement, le tout dans la plus pieuse des humilités.

Elle se voulait simplement être une servante « sanglante » de Dieu, sacrifiant sa vie et priant sans cesse pour racheter les âmes du Purgatoire ainsi que les pêchés de chacun, sans distinction aucune. Elle disait ressentir la souffrance des hommes, et c’est ce pourquoi elle se battait si vivement.

Finalement, le seul rêve qu’elle ne pût jamais réaliser, de par sa mort précoce, fût l’adoption d’un jeune Indien.

Il y aurait encore tant à dire encore à son sujet … Son histoire m’a beaucoup touchée, et je ne suis pas la seule : bien que nous fêtons Sainte Rose de Lima le 23 août, au Pérou ils continuent de la célébrer le 30. Et je ne vous parle pas d’une simple fête sur le calendrier. Je vous parle d’un jour férié. D’une fête nationale. D’une procession et d’une messe traditionnelle en son honneur. D’un peuple qui se réunit dans la prière comme dans la joie de se retrouver, d’un peuple qui vibre d’un même tempo, d’une même communion. D’un peuple qui entre dans une véritable ambiance de fête, pleine de couleurs et de musiques. D’un peuple qui, le temps d’un instant, s’unit et oublie tous ses maux … .

Sainte Rose de Lima est également la patronne de la Police Nationale du Pérou, des Sœurs Dominicaines, de l’Amérique Latine, du Pérou et des Philippines, mais aussi celle des jardiniers et des fleuristes.

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